Propos recueillis par Charles Jaigu le 16/04/2008 dans le Figaro.
Crédits photo : Alexandre GELEBART/REA
Dans un entretien au Figaro, le maire de Nice réclame que tous les dirigeants du parti soient élus par les militants.
LE FIGARO. Vous avez beaucoup critiqué l'UMP au lendemain des municipales. Êtes-vous toujours aussi sévère ?
Christian ESTROSI. Je suis inquiet. Au moment où la gauche surfe sur
les mécontentements et souffle sur les braises de toutes les
revendications, je me demande si l'UMP est organisée pour lui répondre.
Que proposez-vous ?
Nous nous sommes progressivement coupés de notre base populaire.
Nous devons engager un grand débat national dans le parti, suivi d'une
consultation de tous les militants. La démocratie dans le parti doit
être réhabilitée. C'est pour cette raison que j'appelle à une
désignation par les militants de tous les responsables de l'UMP.
Souhaitez-vous la fin de la direction collégiale de l'UMP ?
Il faut un seul secrétaire général, élu par les militants. Il
devrait être assisté d'un exécutif qui serait lui aussi ratifié par le
vote des militants.
Mais c'est une option qui a été écartée par Nicolas Sarkozy en mai dernier, quand s'est posée la question de sa succession…
Aujourd'hui nous avons un certain recul. Nous pouvons évaluer le
résultat. Je pense que la manière dont est animée l'UMP aujourd'hui
n'engage plus suffisamment ses adhérents.
Êtes-vous candidat ?
Je ne suis candidat à rien. Je souhaite seulement que ma formation retrouve une place dans le débat.
En faites-vous le reproche à Patrick Devedjian ?
Je n'en fais pas une affaire d'homme. Je pense qu'il faut que les
militants s'expriment. Si Patrick se présente, peut-être le
choisiront-ils. Nous verrons bien. Pour le moment chacun peut
s'interroger : d'où la direction collégiale de l'UMP tire-t-elle sa
légitimité ?
Nicolas Sarkozy a-t-il changé d'analyse ?
Je constate que le président, aujourd'hui, souhaite créer une
synergie entre toutes les formations de la majorité. Il souhaite que sa
famille d'origine retrouve sa puissance pour être utile à l'action du
gouvernement.
Alain Juppé, élu par l'ensemble des militants de l'UMP entre
2002 et 2004, avait aussi du mal à faire vivre le parti à l'intérieur
de la majorité…
L'UMP de cette époque ne laissait pas suffisamment s'exprimer les
différentes sensibilités du parti. Pour le faire nous avons deux
possibilités : soit de permettre la confrontation d'idées, comme
l'avait formidablement fait Nicolas Sarkozy. Soit par l'organisation de
courants. La première solution a ma préférence. En tout état de cause,
nous devons être prêts face à une gauche qui, à l'automne, va élire son
nouveau premier secrétaire. Nous allons assister à la montée en
puissance du PS, à la nouvelle dynamique qui résultera de la
désignation du nouveau leader socialiste.
N'y a-t-il pas un risque de conflit entre le nouveau président du parti, élu par les adhérents, et le chef de l'État ?
Celui qui aura la légitimité des militants doit s'engager à être le
garant de la défense des intérêts présidentiels. Cela doit être discuté
et inscrit dans une réforme que pourrait porter le prochain congrès du
parti.
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