Depuis la réforme qu’elle a effectuée en 1994, la Suède
possède un système scolaire qui laisse une large place à l’initiative
privée.
Quiconque remplit un certain nombre de conditions requises peut ouvrir une école. La municipalité doit donner à l’établissement la somme qu’elle aurait dépensé pour une école publique, dans une fourchette comprise entre 48 000 et 70 000 couronnes par enfant (entre 5 000 et 7 500 euros).
« Ce système est très intéressant, commente Aldric Boulangé, délégué de SOS Éducation. Il rejoint une étude qu’a faite pour nous le spécialiste Philippe Némo, “Le pluralisme scolaire”. Il y défendait l’idée des bons scolaires, à savoir que la collectivité doit financer l’école – et fixer les règles minimales – mais que la prestation doit être assurée par des écoles indépendantes, librement créées et gérées, capables d’innover et de faire jouer l’émulation. ».
Dès son application, la réforme suédoise a connu un grand succès. En quatorze ans, la part des enfants éduqués dans le privé est passée de 1 % à 10 %. Plus étonnant : c’est à des entreprises commerciales d’éducation que l’on doit cette croissance. La plus importante d’entre elles, Kunskapsskolan (Écoles de la connaissance) a ouvert ses premières 6 écoles en 2000.
Elle en compte aujourd’hui 30, qui accueillent en tout 10 000 élèves, encadrés par 700 employés.
L’entreprise applique les règles d’une entreprise commerciale : rigueur de gestion et efficacité. On ne gaspille pas d’argent. Plutôt que d’investir dans des équipements sportifs coûteux et sous utilisés, les écoles louent des terrains pour le football ou le basket. Les élèves, pour progresser dans les activités manuelles, sont envoyés une semaine par trimestre dans des établissements spécialisés. Quant aux professeurs, ils ont le même nombre de semaines de congé que n’importe quel salarié. Des règles de bonne gestion économique !
Nous sommes à des années-lumière du service-public-à-la-française-que-le-monde-entier-nous-envie. Les directeurs d’écoles utilisent pour développer leur entreprise-école des arguments de vente de choc. L’un des principaux est l’information des familles. Les notes et évaluations de l’élève sont envoyées chaque mois à ses parents par internet. « Rapprocher les parents de l’école, c’est très important, explique Aldric Boulangé.
Pour Carl Gustav Strawström, directeur de l’Association des écoles indépendantes de Suède, cité par The Economist, les réformes scolaires sont populaires chez les parents d’élèves, et les politiciens savent que s’ils s’en mêlent, c’est à leurs risques et périls. La concurrence avec les écoles publiques ne lui fait pas peur : « Nos écoles indépendantes peuvent se battre d’égal à égal avec celle du public. Elles sont très bonnes ». Commentaire d’Aldric Boulangé : « L’émulation entre privé et public est nécessaire. Partout où ce type de réformes a été appliqué, le niveau de chaque secteur s’est élevé.
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