Crédits photo : Alexandre GELEBART/REA
Dans un entretien au Figaro, le maire de Nice réclame que tous les dirigeants du parti soient élus par les militants.
LE FIGARO. Vous avez beaucoup critiqué l'UMP au lendemain des municipales. Êtes-vous toujours aussi sévère ?
Christian ESTROSI. Je suis inquiet. Au moment où la gauche surfe sur les mécontentements et souffle sur les braises de toutes les revendications, je me demande si l'UMP est organisée pour lui répondre.
Que proposez-vous ?
Nous nous sommes progressivement coupés de notre base populaire. Nous devons engager un grand débat national dans le parti, suivi d'une consultation de tous les militants. La démocratie dans le parti doit être réhabilitée. C'est pour cette raison que j'appelle à une désignation par les militants de tous les responsables de l'UMP.
Souhaitez-vous la fin de la direction collégiale de l'UMP ?
Il faut un seul secrétaire général, élu par les militants. Il devrait être assisté d'un exécutif qui serait lui aussi ratifié par le vote des militants.
Mais c'est une option qui a été écartée par Nicolas Sarkozy en mai dernier, quand s'est posée la question de sa succession…
Aujourd'hui nous avons un certain recul. Nous pouvons évaluer le résultat. Je pense que la manière dont est animée l'UMP aujourd'hui n'engage plus suffisamment ses adhérents.
Êtes-vous candidat ?
Je ne suis candidat à rien. Je souhaite seulement que ma formation retrouve une place dans le débat.
En faites-vous le reproche à Patrick Devedjian ?
Je n'en fais pas une affaire d'homme. Je pense qu'il faut que les militants s'expriment. Si Patrick se présente, peut-être le choisiront-ils. Nous verrons bien. Pour le moment chacun peut s'interroger : d'où la direction collégiale de l'UMP tire-t-elle sa légitimité ?
Nicolas Sarkozy a-t-il changé d'analyse ?
Je constate que le président, aujourd'hui, souhaite créer une synergie entre toutes les formations de la majorité. Il souhaite que sa famille d'origine retrouve sa puissance pour être utile à l'action du gouvernement.
Alain Juppé, élu par l'ensemble des militants de l'UMP entre 2002 et 2004, avait aussi du mal à faire vivre le parti à l'intérieur de la majorité…
L'UMP de cette époque ne laissait pas suffisamment s'exprimer les différentes sensibilités du parti. Pour le faire nous avons deux possibilités : soit de permettre la confrontation d'idées, comme l'avait formidablement fait Nicolas Sarkozy. Soit par l'organisation de courants. La première solution a ma préférence. En tout état de cause, nous devons être prêts face à une gauche qui, à l'automne, va élire son nouveau premier secrétaire. Nous allons assister à la montée en puissance du PS, à la nouvelle dynamique qui résultera de la désignation du nouveau leader socialiste.
N'y a-t-il pas un risque de conflit entre le nouveau président du parti, élu par les adhérents, et le chef de l'État ?
Celui qui aura la légitimité des militants doit s'engager à être le garant de la défense des intérêts présidentiels. Cela doit être discuté et inscrit dans une réforme que pourrait porter le prochain congrès du parti.
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