DECLARATION DU GOUVERNEMENT SUR LE GRENELLE DE L’ENVIRONNEMENT LE MERCREDI 3 OCTOBRE 2007:
Monsieur
le Président,
Monsieur le ministre d’État,
Madame
la ministre,
Mes chers collègues,
Depuis
cinq ans, j’appelle, au nom de la Commission des Affaires
étrangères, à l’exemplarité de notre
pays en matière de développement durable et
d’environnement, qui constituent depuis Johannesburg, au moins, un
levier essentiel de la politique internationale de la France. Les
Français, qui ont parfaitement pris conscience des enjeux,
sont prêts à des décisions courageuses dont ils
connaissent l’urgence. Le Grenelle de l’environnement, engagé
sous l’impulsion du Président de la République et
sous votre autorité, répond ainsi à leurs vœux
comme à la responsabilité que nous avons sur le plan
international, où la vision de la France, son discours et ses
actes sont particulièrement attendus.
Aucune politique
environnementale ne peut réussir si elle ne s’intègre
à une démarche mondiale qu’il nous faut
impérativement soutenir. Cela explique que, fidèle à
l’approche multilatérale, la France appelle, dans le cadre
de la réforme de l’ONU, à la création d’une
Organisation Mondiale de l’Environnement passant, dans un premier
temps, par la transformation du PNUE en ONUE. Cela explique
l’Initiative française de Mobilisation Internationale de
l’Expertise Scientifique pour la Biodiversité (IMOSEB). Cela
explique notre volonté de voir l’OMC d’intégrer les
critères environnementaux dans ses décisions. Ces
engagements ont été, même si ce n’était
pas l’objet premier des débats, pris en compte par les
groupes de travail du Grenelle, qui ont souligné, comme je
l’ai déjà souligné moi-même, la
nécessité de regrouper des moyens humains et des
compétences – qui existent – au service de ces initiatives
en particulier dans la perspective de la présidence française
de l’Union Européenne.
Cette présidence sera en
grande partie centrée sur la délicate équation
entre énergie et climat dont la résolution est à
la source de toute solution.
Dans un contexte de mondialisation,
notre sécurité énergétique doit être
garantie tout en étant respectueuse de l’environnement. Cela
passe par la fluidité et la transparence des marchés
qui, elles-mêmes, sont les conditions nécessaires à
l’efficacité énergétique et à la
diversité des ressources.
On comprend donc que le Président
de la République ait affirmé, il y a quelques jours à
New-York que « le défi climatique sera une priorité
absolue de l’action de la France », soulignant l’impératif
d’un cadre multilatéral pour trouver les réponses à
ce défi.
Nous sommes de ce point de vue à un
moment-clé. Même si je n’attends pas d’avancées
spectaculaires lors de la conférence de Bali, en décembre
prochain, on doit constater des changements importants dans
l’attitude de deux acteurs, les Etats-Unis et la Chine,
déterminants dans la préparation de Kyoto II.
Les
Etats-Unis bougent, et bougent vite, au rythme américain,
conscients que la foi dans le progrès technologique est
insuffisant et que l’intervention publique est nécessaire.
Cela se traduit au niveau des villes et des États, mais j’ai
été heureux d’entendre Madame Boxer, présidente
de la Commission de l’environnement du Sénat des Etats-Unis,
lors d’une récente visite, nous dire qu’elle allait
soumettre une proposition de loi créant un système
d’échange de quotas à l’échelle fédérale
sur le modèle et en liaison avec le système
européen.
On peut penser à une évolution
notable dès la fin de la présidence Bush, concordant
avec la présidence française de l’Union Européenne.
Peut-être serait-il utile, Monsieur le ministre d’État,
d’accompagner cette évolution. L’an dernier, le
gouvernement britannique a pris l’initiative d’un accord
organisant des liens entre les mécanismes de marché
carbone anglais et californien. Pourquoi ne pas faire de même
et d’accélérer ainsi par des « solidarités
de fait » le processus vers un marché mondial ?
De
son côté, la Chine, qui sera vraisemblablement, en 2009,
le premier émetteur de gaz à effet de serre, a pris
conscience qu’elle était la première victime du
réchauffement climatique et qu’il lui était
indispensable de mieux s’associer aux efforts mondiaux. D’ores et
déjà, il y existe un système embryonnaire
d’échanges de quotas, appelé à se développer,
et il est envisagé de faire de Pékin un centre
d’échanges de crédits carbone.
L’objectif
chinois, tel qu’il devrait être défini, dans quelques
jours, au Congrès du PCC, est de donner la priorité à
l’environnement et de maîtriser la croissance, des directives
ayant déjà été données dans ce
sens aux cadres provinciaux.
Dans ces circonstances, il ne faut
pas hésiter à encourager les transferts de technologie
sobres en carbone, sachant que ces transferts peuvent ne pas être
à sens unique – la Chine développe de façon
intensive la recherche sur les technologies du charbon propre –
tout en favorisant les mécanismes de marché. La
réussite de ceux-ci – saluons celle du système
d’échanges européen – est la meilleure garantie
d’un succès qui ne peut être que global.
La prise
en compte de la tonne de carbone dans les coûts de production
permettra d’accélérer le déploiement de
technologies propres et, à brève échéance,
les mécanismes régulées de marché seront
au moins aussi efficaces que les financements publics et, a fortiori,
d’une fiscalisation qui ne peut être généralisée.
Enfin,
on ne peut aborder – sommairement – le volet international sans
évoquer les problèmes des pays pauvres, en particulier
d’Afrique, qui sont plus que tout autres vulnérables aux
effets du réchauffement climatique.
La Commission des
Affaires étrangères avait, l’an passé, indiqué
quelques pistes, en particulier sur les transferts de technologie en
matière énergétique. Je me permettrai de vous
les soumettre, sachant que là aussi, et suivant votre vœu, la
France peut être exemplaire et entraîner l’Europe avec
elle dans une politique qui, je le répète, ne peut être
que globale.
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