Réformer le financement des syndicats serait-il "le vrai levier d'une refonte du syndicalisme français et de sa recomposition" ? C'est la question que pose Jean-Pierre Basilien, directeur du centre d'expertise "Dialogue social et organisations RH" d' Entreprise & Personnel, dans une étude sur "Les transformations du paysage syndical en France".
"Les syndicats ont d'autant moins besoin de recruter des adhérents et d'y investir temps et énergie, en dépit des intentions réaffichées rituellement à chaque congrès, que leurs ressources sont globalement garanties par des financements publics.
"Pourquoi changer de stratégie dans ce contexte ? Refondation et recomposition syndicales seraient les seules Issues si les syndicats devaient vivre pour l'essentiel de leurs cotisations".
Pour Jean-Pierre Basilien, "ce serait la vraie rupture que de poser le principe d'une primauté incontestable (pourquoi pas 80% ?) des cotisations dans le système de financement des syndicats. On pourrait ainsi définir un calendrier et une dégressivité des aides".
"Réformer l'économie du système de relations professionnelles serait peut-être la seule 'réforme radicale' qui permettrait de sortir de la triple Impuissance de la 'société Syndicale' décrite par Guy Groux : la radicalité, qui relève du 'ministère du verbe' d'une minorité qui rêve de révolution (SUD), les velléités non abouties de rompre avec "les gangues du passé" (CGT), un courant réformiste divisé et pas toujours comprise ni des salariés, ni des pouvoirs publics (CFDT...)'.
Sur la question du changement d'orientation de la CGT, la réponse de Jean-Pierre Basilien est nuancée : oui, la CGT A changé et s'oriente vers un syndicalisme de négociation, mais toutes ses composantes sont loin d'être acquises à cette "révolution". 'II n'y a plus une CGT, mais des CGT.
Pour décrire le positionnement des organisations syndicales aujourd'hui, l'étude E&P propose de dépasser l'opposition traditionnelle entre "réformistes" et 'syndicalisme de classe" pour retenir cinq critères : le rapport à l'économie de marché, la vision du rôle de l'État et la place du contrat, l'approche de la négociation collective, les modes d'action privilégiés, l'intégration dans le mouvement syndical international.
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