L’ évènement est, en France, passé presque inaperçu : le 14 octobre, le premier ministre conservateur du Canada, Stephen Harper, a été reconduit à la tête de son pays. Mieux, sa majorité s’est étoffée d’une vingtaine de sièges par rapport au parlement sortant, élu en 2006. A un moment où l’on n’entend parler que de la fin de l’ère Thatcher-Reagan, de l’effondrement du néo-capitalisme ou de la chute finale de l’Occident, ce succès dérange les uns et réconforte les autres. Il mérite en tout cas réflexion et débat. Car Harper n’est pas seulement conservateur en paroles. C’est un conservateur en actes.
La crise économique a frappé le Canada comme le reste du monde. Chacun s’attendait à ce que Harper prenne à Ottawa les mêmes mesures que George W. Bush à Washington: qu’il sauve le système financier sur des deniers publics. Il a fait le contraire : l’Etat confédéral canadien ne doit garantir, selon lui, que les dépôts des particuliers.
La nation canadienne a entendu ce langage. Le drame de l’Amérique est peut-être que ses propres conservateurs n’ont pas su parler aussi net, ou penser aussi clairement. L’erreur de l’administration Bush sortante, face à la crise, a été de justifier, à travers un plan de sauvetage mastodontique ressembant étrangement à une nationalisation, la politique qu’Obama, ou du moins ses conseillers, prétendent mettre en application à partir de 2009. Et que celle de John McCain a été de ne pas prendre suffisamment de distance vis à vis de ce non-sens, qu’il n’approuvait pourtant pas réellement.
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