article de PIERRE-ALAIN FURBURY dans les Echos.
Les parlementaires UMP étaient déjà très remontés contre la création d'une contribution de 1,1 % sur les revenus du capital pour financer le RSA.
Cette fois, ils sont littéralement vent debout, ulcérés par la multiplication des « taxes vertes » : extension du bonus-malus appliqué à l'automobile, taxe « pique-nique » sur les produits jetables, projets de taxe nutritionnelle sur les produits gras et salés ou de doublement de la taxe sur les ordures ménagères mises en décharge...
Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée, a relayé hier la grogne de ses troupes. « Il faut faire attention à ne pas multiplier le sentiment ou la réalité de taxes qui ne seraient pas toujours bien comprises », a-t-il mis en garde. Même Roger Karoutchi, le ministre des Relations avec le Parlement, a fait part de ses réserves : « Si la fiscalité écologique est neutre, je dis oui parce qu'elle promeut le développement durable. Mais personne n'accepterait que ce soit une surcharge de prélèvements », a-t-il glissé.
Toutes sensibilités confondues, les élus du parti majoritaire se disent soumis à rude épreuve par leurs électeurs, notamment de la classe moyenne. Et tous s'avouent à court d'arguments pour défendre un « mille-feuille » fiscal qu'ils n'ont, sur le fond, aucune envie de soutenir. « Cela ne correspond pas à nos engagements de campagne », tranche Arlette Grosskost, la député du Haut-Rhin, se référant à la promesse de Nicolas Sarkozy de réduire les prélèvements obligatoires. « On nous présente une ribambelle de mesures. Je n'en vois pas la cohérence », renchérit Yves Censi, le vice-président de la commission des Finances. « Circonspect » sur la méthode de communication de Jean-Louis Borloo, il dit attendre - non sans ironie - « les études d'impact que le gouvernement n'a pas manqué de faire ».
La taxe « pique-nique », qui doit permettre de réduire le volume des ordures ménagères en sanctionnant les produits fortement générateurs de déchets, est sans conteste la plus critiquée. « Indéfendable ! » s'emporte Lionnel Luca, le député des Alpes-Maritimes. Elle ne trouve même pas grâce aux yeux de Frédéric Lefebvre, pourtant porte-parole de l'UMP : « J'en vois le malus mais je n'en vois pas le bonus. » « Il y a des domaines dans lesquels il faut savoir ne pas être créatif », ironise le villepiniste Hervé Mariton.
En bons soldats du sarkozysme, Christian Estrosi et Chantal Brunel, une autre porte-parole de l'UMP, sont bien montés au créneau pour défendre le « New Deal écologique » du chef de l'Etat et tenter de déplacer le débat sur « l'amélioration de l'air qu'on respire », le premier jugeant que le gouvernement « ne va pas assez vite, pas assez loin » et réclamant une taxe à l'essieu pour réorienter les transports de la route vers le rail et la mer.
Jean-Louis Borloo, lui, veut voir dans cette fronde la main de Bercy, mais se rassure en estimant que le président « a validé » tous ses choix.
Des choix sur lesquels le patronat, lui aussi, a décidé de mener bataille. « Un bonus seul serait légitime mais l'accompagner d'un malus pour déterminer le prix des produits, c'est ni plus ni moins que le retour à l'économie administrée », s'est insurgée hier Laurence Parisot, la présidente du Medef.
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