Posté le 01.05.2008 par incroyablemaisvrai
Benoît était cadre commercial dans une PME de 30 personnes au nord de Paris.
Agé de 56 ans et désireux de retrouver les siens restés en région lilloise, Benoît a décidé d’écourter sa carrière tout en s’organisant pour assurer la « soudure » avant de faire valoir ses droits à la retraite, droits auxquels il ne peut prétendre avant l’âge fatidique de 60 ans.
Pour ce faire, il va utiliser un procédé tout à fait ordinaire qui va lui permettre d’accéder aux indemnités chômage pendant les années restant à courir avant de se retirer définitivement : il va tout simplement décider de ne plus rien faire de ses journées !
Terminés les rendez-vous ennuyeux avec des clients grincheux, terminées les tournées commerciales, terminés les rapports de visites et les fastidieuses offres ou relances tarifaires dont, d’ailleurs, il n’a plus que faire : Benoît ne se reconnaît plus qu’une seule obligation, celle de faire acte de présence…
Aux reproches, aux coups de semonce, aux injonctions, aux critiques sur son manque de travail, aux coups de gueule de son patron, Benoît n’a qu’une seule et lancinante réponse : « Si vous n’être pas content de moi, vous n’avez qu’à me licencier ! »
2 mois, 6 mois, 14 mois… Pendant 18 mois, son boss n’aura qu’à constater les dégâts tout en continuant à payer rubis sur l’ongle les quelques 5000 € brut mensuel que lui coûte son directeur commercial.
Car, juridiquement, ce patron ne peut strictement rien faire face à ce comportement.
Le licencier pour faute ou manquement grave à ses obligations, penseront certains ?
Erreur, car la jurisprudence française, en matière prud’homale comme en appel, considère le salaire comme un droit et non pas comme la contre-partie d’un travail.
150 000 € plus tard et pour mettre fin à cette situation ubuesque qui jetait une ambiance détestable dans l’ensemble de l’entreprise, Benoît obtient de son patron qu’il lui signe une transaction dans laquelle, outre ses droits classiques de fin de contrat, il lui verse une indemnité transactionnelle, chacun renonçant réciproquement et de façon définitive à toute action judiciaire ultérieure.
Ainsi, à un peu plus de 57 ans, l’ex-directeur commercial est allé rejoindre les 450 000 seniors de la catégorie dite des DRE (Dispensé de Recherche d’Emploi), payé à hauteur de 60% de son salaire brut et jusqu’à ses 60 ans par l’Unedic dont le budget se trouve ainsi grevé de 5 milliards d’Euros chaque année par cette catégorie de chômeurs.
Sans se poser davantage de question sur son attitude et en totale harmonie avec sa propre conscience, Benoît est convaincu que, de toutes les façons, il a payé « toute sa vie » pour les autres et qu’il est bien normal… qu’il en profite un peu !
Dans son esprit, il ne fait que « récupérer sa mise » …
Quand à la morale de son histoire, et pour se dédouaner de toute responsabilité, le futur retraité pourra dire à qui veut l’entendre que son ex-patron le persécutait en exerçant sur lui une pression quotidienne qui était devenue intolérable, « limite harcèlement », et que, comme tous les patrons, il n’avait cherché qu’à se débarrasser de lui car, soi-disant, il « lui coûtait trop cher !!! ».
Les régimes passent. Les abus restent. Il n’y a que les profiteurs qui changent.
Delanda est Cartago !
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